Le sculpteur Steponas Sarapovas "Cirko
artistas" (L’artiste de cirque) de Steponas Sarapovas Crédit
photo : R. Paknio leidykla, Vilnius Steponas Sarapovas est né en 1936 dans le village de Kaunatavas (district de Telsiai) en Samogitie. Il est issu d’une famille paysanne de vieux-croyants (dissidents de l’Eglise orthodoxe russe ayant trouvé refuge en Lituanie au XVIIe siècle). En 1941, quand la Lituanie fut annexée à l’Union soviétique, sa famille et lui sont déportés en Sibérie jusqu’en 1946. De 1952 à 1958, il fait ses études à Telsiai, au lycée puis à l’école des arts appliqués. Après un premier refus en 1958 à l’entrée de l’Ecole des beaux-arts de Vilnius à cause de ses origines sociales, il n’y est accepté qu’en 1961, d’où il sort avec mention, notamment grâce à son talent pour les œuvres monumentales. Il réalise plusieurs grands reliefs pour les façades extérieurs du Conseil suprême (aujourd’hui parlement) de Lituanie, des monuments commémoratifs en l’honneur de Donelaitis et de Stuoka-Gucevicius, ainsi que plus d’une centaine de petites sculptures comme celle représentée ci-dessus. Gravement malade dès 1975, il meurt en 1981 à Vilnius. Portrait
de Steponas Šarapovas Steponas Šarapovas fut un sculpteur au destin tragique, qui est mort dans la fleur de l’âge. Sa période la plus créative dura dix ans durant lesquels il travailla activement dans plusieurs domaines. Durant sa courte mais intense carrière, l'artiste réalisa six bas-reliefs monumentaux et un certain nombre de taille plus modeste, dix-huit pierres tombales à Vilnius et Kaunas, des sculptures décoratives d’intérieur et d’extérieur, ainsi que plus de 100 œuvres plastiques de petit format, portraits, médailles, esquisses et aquarelles. Aucune exposition personnelle des œuvres de l'artiste n’eut lieu de son vivant. Trois expositions rétrospectives des sculptures de Šarapovas furent organisées à titre posthume à l'initiative de sa famille et du sculpteur Gediminas Baravykas, à la Halle d’exposition d'art de Vilnius en 1983, et dans les locaux de l’Union des architectes à Vilnius et de l’Union des sculpteurs à Riga en 1986. La difficile situation de l'artiste, causée par l'idéologie de la période soviétique, a accéléré sa fin tragique avec sa maladie. Bien que l'artiste ait eu d’importantes commandes officielles, ses travaux ne furent pas été acceptés à l’Exposition nationale de 1974. Sa sensibilité vis-à-vis cette décision le détermina à refuser à participer à toute autre exposition. Šarapovas commença à concourir à des projets de monument alors qu’il était encore étudiant à l'Institut des beaux-arts. Il mena à bien un grand nombre de travaux conjointement avec Gediminas Baravykas, Vytautas Vielius et les frères Algirdas et Vytautas Nasvytis. Dans ses monuments et pierres tombales, Sarapovas cherchait à exprimer une synthèse de la sculpture et de l’architecture qui s’inscrive dans leur cadre naturel. Recherchant l'expressivité dans ses travaux sculpturaux, l'artiste choisit le plus souvent l’effet du contraste. Il tentait d’harmoniser volumes et plans géométriques avec des textures extérieures expressives et des clairs-obscurs intensifs. L'expressivité est également une des caractéristiques des sculptures de petit format de Šarapovas, indépendamment de leur nature figurative ou abstraite. De fortes déformations des proportions des figures et des traits faciaux, combinées à des tentatives de réaliser des images généralisatrices, ont orienté les recherches en plastique de l'artiste vers des images-icônes abstraites. Seuls pour ses tout derniers objets à échelle réduite, il revint à des motifs concrets. La majorité des petites œuvres de Šarapovas a été créée en bronze et en bois. L'artiste, cependant, a fréquemment expérimenté d’autres matériaux, tels que cuivre, laiton, nickel, aluminium et plomb. Dans les sculptures décoratives, il a souvent employé l'acier fondu. Šarapovas transforma les arts plastiques traditionnels nationaux à sa manière, en les liant avec des éléments de cubisme, de constructivisme, et de sculpture cinétique. Il élabora des sculptures sur des thèmes folkloriques et populaires lituaniens et autour des images du Christ, des musiciens de village et des guerriers. Il examina le thème favori de la girouette de Kazimieras Valaitis, inspiré par la forme de métal ouvré de la Lituanie occidentale. À côté de ces thèmes, il choisit des motifs peu ressemblant d’artistes de cirque, d’archers, de rameurs. À la différence de la majorité de ses confrères lituaniens, Šarapovas n’employa pas de formes organiques. Il se concentra sur la figure humaine et fouilla dans la structure des objets matériels et des diverses formes de l’héritage culturel. Dans ses œuvres, l'artiste cherchait, malgré des thèmes parfois assez complexes, à réaliser pleinement ses idées initiales sans en sacrifier la réalisation technique. L'intellectualité a été toujours reliée à la hardiesse de l'expérience. Malgré l'impact de la structure des ustensiles ruraux domestiques, la sculpture de matériaux ne fit jamais l'objet des recherches de l'artiste. Même ses formes abstraites ne perdent jamais leur lien avec le figuratif. Les figures sont toujours reconnaissables, indépendamment de leur forte déformation. Dans ses compositions, son attention s’est concentrée sur le dynamisme de la silhouette dans l'espace, et sur la construction rationnelle de la forme, qui est liée à l'aspiration pour l'expression de la ligne. Steponas Šarapovas a enrichi à la fois le courant expressif de la sculpture lituanienne et la ligne de la recherche constructive. Allant au-delà de la simple continuité des traditions locales d’arts plastiques, il combina de manière créative l'expérience artistique locale avec les recherches sculpturales internationales du XXe siècle. Traduit
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