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Le 1er mars dernier, la Mission catholique lituanienne en France célébrait le 5e centenaire de la naissance de son unique saint et protecteur, saint Casimir, qui est pour ce pays ce qu'est saint Etienne aux Hongrois, saint Patrick pour les Irlandais, ou pour nous sainte Jeanne d'Arc. Cette commémoration fut faite à l’Institut catholique de Paris, en présence de S. Em. le cardinal Feltin, sous la présidence de M. Robert Schuman. Cérémonie émouvante où Mgr Rupp, auxiliaire de Paris, nous conta l'histoire de ce petit peuple catholique persécuté, écartelé, déporté et qui garde sa foi selon la devise que portait gravé son saint patron sur ses armoiries : « Plutôt la mort que le déshonneur. »
Quelle histoire pathétique, celle de ce peuple rural de trois millions d'habitants, ni slave ni germain, dont la langue, dérivée du sanscrit, est plus antique que le grec ou le latin classique ! Au moyen âge, la Lituanie fut un Grand Duché, qui étendit fort loin son influence, mais à partir du XVe siècle son histoire n'est qu'une série d'annexions à la Pologne et ensuite à la Russie. C'est en 1918 qu'elle retrouva une indépendance qui dura vingt ans ! En 1939, l'Allemagne nazie annexait le port de Memel. A la veille des hostilités, le 1er septembre 1939, la Lituanie proclamait sa neutralité, un mois plus tard, la Russie l'obligeait à conclure un traité « d'assistance mutuelle », en attendant de l'annexer, le 15 juin 1940, tandis qu'Hitler était maître de l'Europe occidentale. Il s'ensuivit une année de destruction des familles, d'endoctrinement forcé jusqu'au 21 juin 1941, date à laquelle les Russes s'enfuirent devant l'invasion allemande : dans cette fuite, les occupants entraînèrent avec eux les prisonniers politiques (12 000 ?) qu'ils n'avaient pas exécutés dans leurs prisons, les mêlant à d'autres prisonniers, Polonais, Blancs-Russiens, dont beaucoup furent achevés en cours de route. Parmi ces déportés il y avait plus de 3 000 écoliers lituaniens. De 1941 à 1944, ce fut l'occupation allemande… comme partout, et en août 1944 la «libération» russe et la transformation de la Lituanie en république soviétique. Les années qui suivirent furent un long martyre pour le courageux peuple lituanien. En 1945-1946, 20 000 maquisards, les «Frères de la forêt», furent exécutés par la police communiste. Jusqu'en 1949, il y eut six vagues de déportations massives totalisant environ 500 000 déportés. La rafle la plus importante se fit le 22 mai 1948, juste la veille de la collectivisation des terres, plus de 100 000 déportés : « Pourquoi pleurer, disaient des sentinelles à leurs victimes, les ours de Sibérie vous consoleront. » Les déportations s’atténuèrent lorsque toutes les forces vives du pays eurent été atteintes. Beaucoup de jeunes avaient pris la route de l'exil dès l'année 1945. Vint la mort de Staline, la soi-disant politique de détente qui se traduisit tout de même par le retour d'une partie des déportés de Sibérie.
Telle est, en bref, l'histoire de cette nation courageuse, « la plus jeune nation catholique d'Europe », selon Mgr Rupp et c'est là un titre qui montre la fierté de ce peuple. La Lituanie, en effet, ne devint chrétienne qu'au XIVe siècle. Jusqu'alors, elle était restée païenne, parce qu'elle ne voulait pas être convertie de force par ses voisins, les turbulents chevaliers chrétiens de l'ordre teutonique. Il fallut qu'elle les écrasât à Tannenberg en 1410 ! Alors libre, elle pouvait demander le baptême. Foi tardive, mais profonde de ce pays, qui, sous la direction missionnaire des Jésuites, ne devait connaître ni protestantisme ni guerres de religion, où prit même fin le schisme orthodoxe. En 1596, en effet, l'Union de Brest-Litovsk voyait l'Eglise russo-lituanienne rentrer dans le sein de l'Eglise catholique romaine ; cette unité devait durer jusqu'à l'annexion soviétique. A la veille de la guerre, la carte religieuse de la Lituanie se présentait ainsi : catholiques romains, 80 pour 100 ; deux minorités protestantes, quelques centaines de musulmans (héritage de la grande extension du duché au XIVe siècle). En outre, le pays comptait plus de 200 000 Juifs qui furent décimés par les nazis. M. RENAL
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